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Trop de fièvre pour dormir, juste assez pour délirer agréablement entre l’édredon bleu de Prusse, la lampe à glands de soie jaune, les murs chaulés et nus. En dessous de moi, j’entends le neveu qui soliloque en rêvant, le vent qui tourne et ronfle autour de la maison s’attardant comme un voleur devant les portes et fenêtres. L’idée de retrouver l’Europe et mon jardin n’est pas pour me déplaire. Ajoutez l’agréable âcreté de la tisane. Tout ceci me remplit si bien l’esprit que, ce soir, on n’y glisserait pas une aiguille.

— Journal d'Aran et d'autres lieux, p. 979, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004