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En fin d’après-midi j’ai quitté Shiraoï. Le ciel se couvrait : j’avais envie de marcher et j’ai décidé de regagner Noboribetsu par la plage. J’ai traversé le marécage qui s’étend entre la mer et la route et atteint de longues dunes de sable noir semées de racines couleur d’ossements. Pas une âme, pas une trace de pas. Ici et là, la double empreinte profonde laissée par un phoque, et des nappes de brouillard qui circulaient à des allures d’autobus. J’ai enlevé mes chaussures et foulé le sable en écoutant le cri gelé des mouettes et le ressac de vagues invisibles. J’avais vingt kilomètres de plages pour moi, je me répétais : la mer… la mer, et j’étais content.
— Chronique japonaise, p. 642, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004