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Tous les visages ici ont ce demi-rictus et cet air consumé que donne un vent continuel mais, dans la boutique du laitier, face à l’arrêt d’autobus, j’ai vu une fille fardée comme à la scène qui bourrait un petit poêle russe avec de vieux cartons. Je suis allé m’assoir près de ce fourneau qu’on n’éteint pas de toute l’année et elle m’a apporté du lait. Elle a les yeux d’un gris-violet que je n’ai jamais trouvé encore au Japon, et des mouvements d’une souplesse alarmante. Je la trouve vraiment belle dans ce genre brûlé qu’ils ont ici.

— Chronique japonaise, p. 649, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004