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Au bout d’une semaine de diète, les fumets et saveurs qui me paraissaient suspects il n’y a pas si longtemps encore me vont droit à l’estomac. Sitôt qu’il en sera de nouveau question, je mangerai de tout : du daïcon de renkon, gros navets jaunes obscènes au fort et suri que l’on fait macérer dans de la saumure, du bouillon d’algue, de la limule crue (tabiebi) débitée en rondelles, de ces gros coquillages noirâtres (sasae) dont le saké n’enlève pas l’amertume, même le misoshiro, la soupe aux fèves rouges du petit déjeuner dont le fumet aigre et brûlé m’a si souvent soulevé le cœur, je l’aime à distance. Je suis acclimaté.
— Chronique japonaise, p. 589, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004