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De retour au pub j’ai été d’autant plus navré par l’indicible laideur de tout ce qui le composait : tables de formica d’un jaune safran aussi malheureux de jour que de nuit. Au mur des chromographies hurlantes montrent des bulldogs en gilet qui jouent au billard, et deux portraits au fusain léché de grands chiens bergers, des poils plein le mufle, comme Clemenceau, qui sont les chiens du patron et dont j’ai le modèle vivant sous mes yeux : la mère dort sur le dos, tétines à l’air et gémit doucement aux prises avec un rêve lascif. La fille a décidé de venir poser sa lourde mâchoire sur ma cuisse et de n’en plus être délogée. Bon. Je ne suis pas un homme à chien mais j’aime bien ces grosses races somnolentes et plucheuses.

— Voyage dans les Lowlands, p. 920, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004