#/174
trouvée 6 fois
Un mois passe comme un rien. Parfois on consulte la carte pour voir jusqu’où la dérive vous a porté. On y voit de grands deltas vert pâle, des plissements bruns, des hauts plateaux qui vous font de l’œil, qui aiguisent l’appétit et la curiosité. On s’allume un petit cigare en se disant : J’y serai dans un mois. A mesure qu’on chemine on s’allège ; le vieux fardeau de prétention et d’imposture dans lequel on avait vécu se dilue et nous quitte sans crier gare. Qui a connu ces routes, ce rythme et cette vie ne guérira jamais.
— L'Usage du monde, p. 445, Collection Quarto, Éditions Gallimard, 2004